Guernesey, 7 décembre 1855, vendredi après-midi, 2 h.
Je vous donne mon cœur en long, en large, en travers, en gros et en détail, sous tous les formats et sous toutes les formes possibles, mon cher petit homme, avec le désir et l’espoir que vous en accepterez un petit morceau. Quant au vôtre, de cœur, mon trop adoré, je n’en ferais qu’une seule bouchée si vous vouliez bien me mettre à même. Comment va le médaillon ? En serez vous bien débarrassé ainsi que de votre visite à Mme Duverdier (laquelle ne vous embarrasse guère, affreux monstre que vous êtes). Pendant ce temps-là le soleil passe sans vous attendre et moi je mets à su la bouteille à l’encre sans pouvoir trouver le plus petit mot pour rire. Je n’ai même pas pu me peigner tant la Suzarde est occupée aux commissions des pauvres petits Préveraud. Cependant le médecin persiste dans la bonne opinion sur l’issue de la maladie de ce brave citoyen sans tête. Maintenant il n’y pas plus bien longtemps à attendre pour savoir ce qu’en pensera le beau-frère. D’ici-là il faut se résigner à toutes les alternatives de mieux et de pires causées par l’agitation nerveuse de ce pauvre petit homme. MM. Ratier et Vallerot ont écrit aujourd’hui à Mme Préveraud. JE T’AIME, TOI, ENTENDS-TU ?a
Juju
BnF, Mss, NAF 16376, f. 394-395
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa
a) La lettre se termine au bas de la troisième page.