Jersey, 11 juin 1855, lundi matin, 11 h.
Vous êtes bien gentil d’être venu me voir ce matin, mon trop aimé petit homme, mais vous le serez encore davantage si vous revenez tantôt de très bonne heure. Il ne tiendra qu’à vous de me faire sortir tant que vous voudrez si vous en avez le temps. Je t’aime. À peine étais-tu sorti de la maison qu’un garçon d’Asplet [1] m’apportait du fromage et de la crème. J’ai été obligée d’ajouter un post-scriptum de remerciements dans ma lettre d’invitation. J’ai bien regretté que tu sois parti avant l’arrivée de cet exquis petit dessert de saison car j’en aurais fait hommage de grand cœur à la salle à manger de MARINE-TERRACE. Ce soir, si tu veux te charger du petit pot de crème seulement je te donnerai avec joieeeea. En attendant, j’achève de distiller mon mal de tête pour qu’il n’en soit plus question quand tu viendras. Pour mieux y aider je vais copire ce que tu m’as donné hier et t’aimer comme une dératée (honni soit qui mal y pense). Mon petit Toto, je vous aime sans envers et je vous adore à fer et à clous et je vous baise sans compter.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16376, f. 247-248
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa
a) Les cinq « e » courent jusqu’au bout de la ligne.