Guernesey, 25 mai 1862, dimanche, 7 h. du m[atin]
Bonjour, mon victorieux adoré, bonjour et amour, gloire et bonheur, bonjour, sourire et joie si tu as passé une entière bonne nuit, comme je l’espère. Quant à moi, je suis vraiment honteuse de tant et si bien dormir que je le fais depuis quelques jours. C’est à croire que je n’ai jamais fait autre chose de ma vie. Si de ton côté tu as bien dormi et si tu te portes bien ce matin, je suis la plus heureuse femme du monde.
Quel charmant cadeau m’a fait ton cher petit Toto hier à propos de ma fête ! La chose que j’avais voulu lui épargner en tenant la susdite fête sous le boisseau ; mais voilà que tu as tout découvert par un mot et maintenant je ne le regrette pas, au contraire, puisque c’est à l’indiscrétion du père que je dois le galant et précieux souvenir du fils. Soyez bénis tous les deux par mon cœur reconnaissant. Soyez heureux autant que je vous aime.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 134
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa