Guernesey, 23 mars 1862, dimanche matin, 8 h.
Je te guettais, mon cher bien-aimé, pour te dire un petit bonjour des yeux et de l’âme avant de te griffonner ma pauvre restitus presque aussi maussade que le temps. Justement te voilà luttant de [mouilles ?] et d’inondation avec le ciel diluvien de ce matin. Grand bien te fasse, mon cher bien-aimé, c’est le souhait profond et tendre que je t’envoie sans avoir le courage de t’imiter. J’espère que tu as passé une good nuit aussi bonne que la mienne qui a été entièrement bonne. Je remarque que les trois fois où j’ai bu du thé le soir ont toujours été accompagnées d’un long somme. Peut-être ai-je besoin de ce breuvage, lymphatique, hydraulique et pas du tout mirifique pour bien dormir. Dans tous les cas, il n’empêche pas le sommeil quand il a à venir, [illis.] qui paraît démontré. Ce qui ne l’est pas moins, démontré, c’est que je vous aime, an par an, mois par mois, jour par jour, minute par minute, de plus en plus, sans savoir comment cela [illis.].
BnF, Mss, NAF 16383, f. 73
Transcription de Marie Legret assistée de Florence Naugrette