Guernesey, 3 février 1861, dimanche, 9 h. du matin
Bonjour, mon doux adoré, bonjour. Je t’aime et je suis bien heureuse si tu as bien dormi et si tu es toujours aussi content de ta gorge que tu l’étais hier au soir. J’ai tout lieu d’espérer que cela est ainsi car il fait un temps à souhait et tout à fait propice à la santé. Aussi, cher adoré, si tu le veux, je t’accompagnerai tantôt dans ta petite promenade et d’aussi bonne heure que tu voudras pour que tu profites du bon et vrai soleil. Je m’arrangerai pour être prête sans te retarder d’une seconde. De leur côté tes servardes et la mienne ont le projet de s’endimancher jusqu’à la nuit, ce à quoi je ne m’oppose pas, comme tu le penses, bien au contraire, mais pour que toutes ces promenades se fassent en temps et heure, il faut que je me dépêche de faire mes propres affaires et de déjeuner au galop. Mais auparavant, il faut que je te redise encore et toujours que tu es mon amour, mon bien, ma joie, ma gloire, mon bonheur, mon cœur, ma vie, mon âme et que je donnerais toute ma santé présente et à venir pour le moindre de tes bobos.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 32
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Florence Naugrette