Paris, 16 juin 1882, vendredi matin, 9 h.
Jusqu’à présent, mon grand petit homme, je n’ai reçu aucun avis du Sénat. Peut-être le compte analytique de la séance d’hier nous apportera-t-il plus tard l’ordre du jour d’aujourd’hui s’il y en a. En attendant je crois que nous aurons le loisir de lire les journaux en retard depuis plusieurs jours ainsi que plusieurs lettres qu’il est utile que tu connaissesa. Moi-même j’aurais besoin de te communiquer la lettre de la mère Morvan [1] pour que tu décides avec connaissance de cause de l’urgence de la réparation de la boiserie pourrie de la salle verte de ma petite maison de Guernesey [2]. Si tu te décidais à cette réparation, il me semble qu’il vaudrait mieux la faire faire maintenant que d’attendre que nous y soyons, si nous devons y aller dans un mois. Cela m’épargnerait l’ennui de la présence des ouvriers et l’inconvénient des portes ouvertes toute la journée. Je te dis cela par le menu, n’ayant jamais beaucoup de temps à moi pour te parler de nos affaires. Il en est de même de mon cœur et c’est le plus souvent dans mon gribouillis que j’en déverse le trop-plein dans ce seul mot : je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 114
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « connaisse ».