Guernesey, 18 janvier 1861, vendredi, 9 h. du m[atin]
Bonjour, mon bien cher adoré, bonjour et sourire et bonheur si tu as passé une bonne nuit et si tu te portes bien ce matin. Quant à moi, mon rhume de cerveau suita son cours mais d’ici à deux ou trois jours il n’y paraitra plus ou très peu. Pour arriver plus vite à ce résultat, j’ai fait faire du feu ce matin dans ma chambre. Vous voyez, mon cher adoré, que de près ou de loin vous êtes toujours obéi par votre très humble Juju. Petite nouvelle : Emma [1], Emma du torchon et du [Bournot ?], est arrivée. Suzanne l’a rencontrée tout à l’heure. Je doute fort que sa rentrée chez la pauvre Mme Engelson produise rien de bien bon. Mais cela ne me regarde pas après tout. Tout ce que je peux faire c’est de lui souhaiter de vivre pour son petit garçon si intéressantb et si charmant et de garder un peu mieux ses SOUS. À propos de garder ses sous je devraisc bien commencer par donner l’exemple au lieu de les perdre scandaleusement au loto comme je fais toujours, témoin mes douze sous d’hier. Mais je vais prendre votre truc et me faire donner des [illis.] à chaque numéro. En attendant, il faut que je reçoive aujourd’hui l’abbé Le Menant, ce qui n’est pas amusant. J’espère qu’il ne me tiendra pas longtempsd et que cela ne t’empêchera pas de venir à ton heure car tu es la joie de mes yeux, de mon âme, et de mon cœur.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 17
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
a) « suis ».
b) « intérressant ».
c) « deviendrais ».
d) « long-temps ».