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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 8 janvier 1861, mardi 9 h. du m[atin]

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour et bonheur si tu as passé une bonne nuit et si tu te portes bien ce matin. Tu paraissais (de charme) hier quand tu es parti. J’espère que rien n’est changé et qu’au contraire tu vas de mieux en mieux. Je te remercie de m’avoir donné de la bonne COPIRE. Je vais m’y mettre avec joie aujourd’hui même pour t’obliger à m’en donner d’autres le plus tôt possible ; car je suis jalouse de tous mes petits monopoles et je n’aime pas quand, par force ou de bonne volonté, on les empiète, donc je voudrais finir seule comme je les ai commencésa, LES MISERABLES [1]. Il est vrai que nous avons encore du temps devant nous mais le désir de revivre avec tout ce monde de ta pensée me fait souhaiter de ne pas perdre un seul jour sans me mêler à eux. Et puis voilà les jours qui grandissent et nous pourrons travailler plus longtempsb côte à côte, ce sera charmant. En attendant, il faut vous dépêcher de vous guérir, mon cher petit homme, et ne pas toujours pincer votre gorge comme vous faites et interroger vos crachats comme des mauvais augures car vous n’avez rien, rien, rien qu’un peu de refroidissement combiné d’un peu trop de travail. C’est moi, Juju, qui vous le dit et qui en suis sûre et il faut me croire car il faut m’aimer et avaler mon petit œuf frais que ma poule vient de pondre pour vous.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 7
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « commencé ».
b) « long-temps ».

Notes

[1La fin de l’année 1860 est l’occasion pour Victor Hugo de faire un bilan sur l’évolution des Misérables « interrompue le 14 février 1848 » : « aujourd’hui 30 Xbre 1860, je me suis remis à écrire les Misérables. Du 26 avril au 12 mai, j’ai relu le manuscrit. Du 12 mai au 30 Xbre, j’ai passé sept mois à pénétrer de méditation et de lumière l’œuvre entière présente à mon esprit afin qu’il y ait unité absolue entre ce que j’ai écrit il y a douze ans et ce que je vais écrire aujourd’hui. Provisa res aujourd’hui je reprends (pour ne plus la quitter j’espère) [...] ». (CFL, tome XII, p. 1353)

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