1882, Paris, 4 mai, jeudi matin, 8 h.
Dors, mon grand petit homme, c’est ce que tu peux faire de mieux en ce moment où le ciel semble plus près de la nuit que du jour. Quant à moi je n’ai pas besoin de cet appoint pour avoir passé une bonne nuit. Voilà déjà trois jours que je vais très bien, ce qui me fait espérer que j’en ai fini, au moins pour quelque temps, avec mes ennuyeuxa bobos. Autre guitare, c’est ce soir que tu décides de la distribution du Roi s’amuse avec Perrin [1] et de ta présidence au banquet Grisel [2] mercredi prochain avec Marmottan. Tout cela mérite ton attention et tu feras bien d’en peser d’avance le pour et le contre. En attendant j’attends toujours le jour où tu voudras bien me permettre une visite aux magasins du Louvre : quand ? quand ? quand ? Deschanel m’écrit qu’il est enfin guéri et il me prie de te prier de lui permettre de faire ses relevailles chez toi, son Dieu Visible et Unique. Comme custodeb de ta chapelle je la lui ai accordéec séance tenante pour vendredi en huit. Ai-je bien fait mon maître ? Oui grosse bêted [3].
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 73
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « ennuieux ».
b) « custodes ».
c) « accordé ».
d) « bêtes ».