Paris, 21 mars 1882, mardi matin 8 h.
Cher bien-aimé, je me suis approchée de ton lit et j’ai baisé ton épaule sans oser te réveiller pour te demander si tu voulais boire ton Élatine [1], pensant qu’il valait mieux, peut-être, pour ta santé, une heure de bon sommeil de plus pour toi et un verre de moins de la meilleure drogue possible, en supposant qu’il y ait de bonnes drogues. Si je me suis trompée je t’en demande pardon car c’était à bonne intention. Ma crise n’est pas encore passée, au contraire, et je crois que je serai forcée d’en venir à la piqûre de morphine. En attendant, je me tordsa dans des souffrances inénarrables en m’efforçant de te sourire quand même [2]. Meurice m’écrit pour te prévenir que le Banquet de la centième de QUATRE-VINGT TREIZE aura lieu dimanche prochain, 26 mars, au Grand Hôtel à Minuit. Je trouve l’heure un peu avancée pour toi qui asb l’habitude de te coucher de dix à onze heures. Ce jour et cette heure ont été choisis pour permettre à la Presse d’y assister sans empêchements professionnels du Théâtre et des Journaux. C’est égal, je trouve la chose bien fatigantec pour toi et je ne serai tranquille que lorsque je te saurai rentré sans accidents. Cher adoré tu ne sauras jamais à quel point je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 33
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « tors ».
b) « a ».
c) « fatiguante ».