Guernesey, 26 mars [18]63, jeudi, [2 ?] h. après midi
Quel beau temps ! quel bonheur, quel bon amour et que je suis heureuse ! Et que je remercie Dieu de m’avoir donnée à toi et que je te bénis, mon adoré bien-aimé ! Nous allons donc refaire tantôt notre ravissante promenade d’hier ! plus longue encore si mes jambes sont à la hauteur de mon ambition. En attendant je me dépêche pour ne rien laisser derrière moia à faire et pour pouvoir m’asseoir tranquillement, COMME UNE PERSONNE, quand je rentrerai. J’espère que tu n’auras que de bonnes nouvellesb aujourd’hui, mon cher petit homme. Quant à moi je n’en aic pas du tout ce qui simplifie peu à peu mes relations extérieures. Je ne m’en plains pas du reste car je deviens de plus en plus incapable d’écrire à personne, si ce n’est à toi, par besoin de faire un dialogue de mon cœur avec le tien malgré l’absence. Cela ne m’empêche pas de désirer de COPIRE à mort au risque de faire concurrence à tes copistes en chefs [1]. Et à ce sujet que devient la pauvre Victoire ? À défaut de travail ta charité est toujours là, aussi ne suis-je pas trop tourmentée pour elle ni pour les autres pauvres femmes qui t’implorent. Sois béni pour tout le bien que tu fais en ce monde, mon grand adoré. Je t’admire, je te vénère, je t’aime.
BnF, Mss, NAF, 16384, f. 80
Transcription de Chantal Brière
a) « derrière à moi ».
b) « de bonne nouvelle ».
c) « n’ai ».