16 mai 1863

Guernesey, 16 mai [18]63, samedi matin, 7 h.

Je vous l’avais bien dit que je prendrais du beau papier tout neuf puisque vous ne vouliez pas en apporter du vieux vilain : paff, ça y est ! cela vous apprendra à être un gros négligent : c’est bien fait. J’en ai d’autant moins de remords que vous paraissez en très bon état ce matin à en juger par vos MOULINETS [1] étourdissants ? Quant à moi, je règle ma santé sur la vôtre et ma joie sur votre bonheur, voilà pourquoi je me porte bien et que je vous souris de confiance ce matin. Est-ce bien vrai, mon doux adoré, que tu te portes bien et que tu m’aimes ? Si cela est comme je N’EN DOUTE PAS, je suis la plus heureuse des femmes et je te bénis.
FAITES ATTENTION : 21 ! Je ne vous dis que ça. C’est à vous à me soigner mon EFFET [2]. En attendant, ma poule, aussi, soigne les siens, d’EFFETS, et je compte sur un bon petit peuple de poussins précisément pour ce jour FATIDIQUE : 21. Nous verrons lequel de vous deux aura mieux fait son devoir. Jusque là, je réserve mon admiration et ma reconnaissance quant aux ILLUMINATIONS, aux MÂTS DE COCAGNE^a, aux DISTRIBUTIONS DE CERVELAS et à LA PRISE DE SÉBASTOPOL et à la RÉCEPTION DU CORPS DIPLOMATIQUE, nous réservons tout cela pour samedi prochain, tel est le programme. Cela vous va-t-il ? Répondez oui ZOU non, à votre choix, pour que j’aie la platitude de faire ce que vous voudrez. Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait^a dans sa sainte garde et je baise la sacrée poussière de vos sublimes bottes à l’instar du Sénat impérial de France et de Navarre.

BnF, Mss, NAF, 16384, f. 127
Transcription de Chantal Brière

a) « COCAGNES ».
b) « est ».