Guernesey, 16 avril [18]63, jeudi après-midi, 2 h. ½
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, en tant que rhume, ce qui me fait espérer que demain tu seras dans la période décroissante ; mais d’ici là, mon pauvre bien-aimé, tu as encore bien des mauvais moments à passer. Malheureusement je ne peux t’aider en en prenant la moitié pour moi ce qui me serait moins pénible que de te savoir souffrant à toi tout seul. Je compte sur le bon soleil pour mûrir au plus vite ce vilain rhume, c’est bien le moins que, comme la lance d’Achille [1], il guérisse le mal qu’il a fait. En attendant j’ignore si tes visites sont arrivées mais si elles sont venues je voudrais bien me dispenser de les recevoir au moins pour aujourd’hui car je ne suis pas encore prête et j’ai un tas de choses à faire avant de sortir. Donc, mon cher petit homme, si cela dépend de toi empêche-les de venir chez moi pour que je n’aie pas le déplaisir de leur faire fermer ma porte et puis, mon adoré, soigne-toi de manière à te débarrasser le plus vite possible de ce méchant rhume qui me tient au cœur pendant qu’il te torture la tête et la gorge.
BnF, Mss, NAF, 16384, f. 97
Transcription de Chantal Brière