Guernesey, 11 novembre 1858, jeudi soir, 4 h. ½
Ma restitus est toute désheurée depuis deux jours, mon cher bien-aimé, et mon papier est à l’envers comme mon esprit sans savoir pourquoi ni comment. Mais tu as l’habitude de démêler mon amour dans tous mes margouillis et cela ne te sera pas plus difficile cette fois-ci que les autres fois, je l’espère. J’ai eu la visite du citoyen Lefebvre [1], lequel a le projet de t’inviter, de m’inviter, et d’inviter tous mes convives du mercredi. Je ne sais pas comment tu feras pour éluder la corvée mais je crains d’avance que cela ne te soit très difficile et que cela ne désoblige extrêmement ce monstrueux citoyen qui paraît avoir à cœur que tu lui fasses ce grand honneur. Quant à moi, je ne me suis engagée à rien, par conséquent je ferai tout ce que tu feras toi-même. En attendant, il accepte mon dîner mercredi prochain et il viendra faire une partie de loto dimanche avec Mme Ménage, si les jambes veulent bien consentir à porter ce formidable bonhomme. Jusque-là, je t’aime TOTO CORDE [2].
Bnf, Mss, NAF 16379, f. 319
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette