Mardi, 8 h. du matin
Bonjour, mon bien-aimé, comment vas-tu ? Mon Dieu, je donnerais ma vie pour me trouver auprès de toi à présent – Je ne sais pourquoi je suis tourmentée de la pensée que tu as fait trop hier, en venant me voir – C’était pourtant bien bon et j’avais bien besoin de te voir pour rafraîchira mon âme et lui donner des forces. J’attends de tes nouvelles avec une impatience inexprimable – J’ai eu la fièvre encore cette nuit et ce matin j’ai un fort mal de gorge qui m’empêche d’avaler et de parler. Je viens de commander un gargarisme –
Ici, j’ai interrompu ma lettre par l’arrivée de la marchande de damas. Ce que je craignais est arrivé, c’est un morceau de damas sur fil qui n’a aucune ressemblance avec le mien. Je vais envoyer chez Mme [Gauchet ? Gaucher ?] [1] – et en même temps chez Mlle Delaunay car Jourdain est arrêté et il dit qu’il faut qu’il continue ou qu’il commence ailleurs d’autres travaux – Je suis bien embarrassée, tu n’es pas là –
Mon pauvre bien-aimé, je donnerais tout au monde pour avoir une bonne nouvelle ce matin, je donnerais ma vie pour te voir aujourd’hui. Je t’aime.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16322, f. 237-238
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « raffraichir ».