Dimanche, 9 h. du matin
20 juillet 1834a [1]
Bonjour mon Victor, comment es-tu ce matin ? Bien heureux, n’est-ce pas ? Bien fêté, bien caressé, bien admiré, et je n’y suis pour rien dans ce bonheur – Oh ! je t’en veux de pouvoir être heureux sans moi – C’est peut-être là la cause qui fait que je t’aime encore plus ce matin – Pourquoi ne suis-je pas riche et grande dame ? Je pourrais, comme tout le monde, apporter ma part d’admiration aujourd’hui – tandis qu’il faut que je me résigne à vous aimer toute seule dans un coin, à vous faire un bouquet que vous ne viendrez peut-être pas chercherb – Oh ! je suis bien triste, allez.
Je t’aime mille fois plus encore.
Juliette
Dans quelques heures, j’aurai quitté ce logement pour n’y plus revenir qu’en pensée. Je n’y laisse pas de regrets, pour où je serai avec toi, sera le bonheur.
[Adresse]
21e
À mon bien cher Victor
BnF, Mss, NAF 16322, f. 177-178
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) Date rajoutée sur le manuscrit d’une main différente de celle de Juliette.
b) « cherché ».