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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 25 septembre 1858, samedi matin, 8 h.

Bonjour, mon pauvre bien-aimé, bonjour, mon pauvre patient, bonjour, je t’aime. Où en es-tu de ton nouveau clou [1] ce matin, mon pauvre martyr ? Terrier l’a-t-il ouvert hier au soir ? Je crains que de toute façon, tu n’aies beaucoup souffert cette nuit. Je ne veux pas envoyer chercher de tes nouvelles ce matin pour ne pas appeler l’attention sur cette nouvelle petite rechute, ton principe étant de ne pas te plaindre et de laisser ignorer la plupart de tes souffrances. Mais je n’en suis pas moins bien impatiente de savoir comment tu as passé la nuit et comment tu te trouves ce matin. Dès que tu pourras me le faire savoir, ou venir me le dire, ce qui serait encore mieux, tu me délivreras d’une inquiétude agaçante au dernier point. Quant à moi, je profite de tes maux pour avoir les miens ; ainsi ce matin, je peux à peine me remuer à cause d’une espèce de lumbago qui m’empêche de m’asseoir et de marcher. Mais tout cela n’est rien comparé à toi et peut-être même n’y paraîtra-t-il pas tantôt. En attendant, je crains plus que jamais les promenades d’automne prolongées et je crois que nous ferions bien d’y renoncer pour cette année, c’est-à dire de renoncer au pique-nique en reprenant chacun notre quote-parta du boursicot, lequel se monte à 40 [illis.] 13 sous ce qui donne à chacun 8 [illis.] 2 ½. Nous sommes cinq partageant, de cette façon, personne ne serait lésé et chacun pourrait employer son saint frusquin [2] comme il l’entendrait. Telle est mon humble opinion, vous en ferez ce qu’il vous plaira. D’ici là, je ne désire qu’une chose, c’est ta guérison entière et sans rechute. Je t’aime.

Bnf, Mss, NAF 16379, f. 272
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « cote-part ».

Notes

[1Clou : Furoncle.

[2Saint-frusquin : (argot) ce qu’on a d’argent et de vêtements.

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