Paris, 3 avril [18]79, jeudi matin, 10 h.
Cher bien-aimé, je crains que tu n’aies fait une infraction à ton hygiène tout à l’heure en sollicitant plus qu’il ne faut ton estomac à prendre tes deux œufs et ton café quand il ne les demande pas. Je vais aller savoir où tu en es de ton déjeuner forcé et te porter la lettre de Mme Estelle Bergerat me priant de te prier de lui donner deux places [1] pour elle et pour son mari qui fonde en ce moment un journal illustré mais qui n’ayant pas encore paru n’a pas droit à un service au théâtre un jour de première représentation. Je ne sais pas s’il est possible d’avoir ces deux places mais ce que je sais c’est que tu ne peux pas les lui refuser. En attendant, mon grand bien-aimé, je me prépare clopin-clopant, clopinant à t’accompagner à l’Académie tantôt. Bisquez si vous voulez mais résignez-vous de bonne grâce à la scie que je vous impose sous prétexte que je vous adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF, 16400, f. 90
Transcription de Chantal Brière