Guernesey, 31 août 1858, mardi soir, 7 h. ½
Bonjour, mon cher petit homme, bonjour mon cher petit coureur de nuit, bonjour. Quelle douce surprise tu m’as faitea hier au soir, mon ineffable bien-aimé, pourvu que cela ne t’aie pas fait mal ? Le jeune Allix [1] m’a bien affirmé qu’il n’y avait aucun danger pour toi maintenant à essayer tes forces et je suis trop heureuse pour contredire la science de ce jeune et inexpérimenté Hippocrate. J’attends avec impatience que tu viennes m’apporter toi-même de tes chères nouvelles. Jusque-là, je ne demande pas mieux que de croire que tu vas très bien et que tu vas reprendre toutes tes chères et douces habitudes de locomotion. Et à ce sujet, je remarque l’heureuse coïncidence de l’arrivée du jeune Allix au moment où le pauvre docteur est hors de service. C’est à croire qu’ils se sont entendus et attendus mutuellement pour cet à propos. Mon cher adoré, je t’aime. Je baise ta vaillante petite patte et je t’attends avec confiance. Tâche de bien déjeuner et de venir de bonne heure.
BnF, Mss, NAF 16379, f. 248
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette
a) « faites ».