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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 15 nov[embre 18]70, mardi matin, 9 h.

Cher bien-aimé, je t’envoie mon bonjour le moins caduque. Reçois-le, je te prie, avec ton indulgence et ta bonté accoutumées. Je n’ai presque pas dormi de la nuit mais je me déclare archia satisfaite si tu as pioncé à poings fermésb d’un bout à l’autre de ta nuit. Décidément je n’apprendrai jamais à me servir d’une plume en fer. Il est vrai que mes pattes de mouches ne se tirent pas mieux de la plume d’oie. Seulement elle s’entend mieux avec mon esprit et ne se permet pas d’égratigner tous mes mots et de poignarder toutes mes tendresses. J’espère que la bonne nouvelle d’hier n’est pas démentie ce matin, comme c’est la triste habitude, et qu’elle sera suivie, au contraire, de beaucoup d’autres encore plus importantes et plus décisives. Quel bonheur si ta prédiction au sujet de cette terrible guerre s’accomplissait de point en point jusqu’à la complète et souveraine victoire de la France sur la Prusse !
D’y penser mon cœur en tressaute de joie et j’en oublie toutes mes infirmités. Le ciel lui-même a l’air de s’associer à ton espérance. Il est vrai que le soleil reluit pour tout le monde aussi bien pour les Français que pour les Prussiens, ce qui diminue beaucoup la confiance que je voudrais mettre en lui dans ce moment-là. Le plus sûr et le moins trompeur c’est ma foi en toi et que je t’aime et que je t’adore.

MVH, a1473
Transcription de Florence Naugrette et Michèle Bertaux

a) « archie ».
b) « à poing fermé ».

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