Guernesey, 18 sept[embre 18]78, mercredi matin, 7 h.
À toi, mon grand bien-aimé, ma première pensée, mon premier bonjour et mon unique amour. Sois béni, je t’adore. « Pluie du matin réjouit le pèlerin » dit le proverbe automnala, et les amateurs de cirque [1] aussi, car j’espère bien que l’averse de ce matin nous fera du beau temps ce soir. En attendant, l’eau tombe à seau et mes rhumatismes font rage, ce qui est assez maussade à voir et à supporter. Heureusement que j’espère une forte diversion dans le baromètre qui réagira joyeusement sur le temps et sur ma triste carcasse. Il serait très fâcheux pour nos touristes d’être forcés de garder la maison au lieu d’excursionner à même les plus belles parties de notre petite île. Je te fais penser, mon cher petit homme, à écrire à Ernest Lefèvre, car tu n’as plus que quelques jours pour pouvoir l’inviter sérieusement, lui et son fils, avant la fin des vacances qui finissent dans quinze jours [2]. Donc, mon cher petit bien-aimé, il faut tâcher, toutes affaires cessantes, de lui écrire aujourd’hui. Je t’en fais une scie que tu me pardonneras, j’en suis sûre, puisque c’est dans ton intérêt et que je t’adore.
Monsieur
Victor Hugo
Hauteville House
Syracuse
Transcription Gérard Pouchain
[Barnett, Pouchain]
a) « autonal ».