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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 14 sept[embre 18]78, samedi matin, 6 h.

Bonjour, à feu et à sang, comme le soleil ce matin à la pointe de Jethou [1]a. Bonjour, je t’aime, et toi ? Bonjour, je vous adore, et vous ? Réponds, si tu peux, et tais-toi, si tu l’oses [2], mon cœur n’en continuerab pas moins de battre pour toi et mon âme de s’envoler vers vous : ATTRAPÉc !!! Cher bien-aimé, tu vois que, malgré une très mauvaise nuit, je n’en suis pas moins gaie ce matin. Cette belle humeur me vient de la pensée que tu m’aimes comme je t’aime, uniquement et saintement, comme si nous étions déjà deux âmes dans le ciel. Bénis-moi comme je te bénis. J’espère que tu as passé une bonne nuit et j’espère aussi que Saint-Victor et sa fille auront une belle traversée car il est impossible d’avoir un plus beau temps de mer que celui de ce matin. Donc, bonne chance, sourire et joie, amour et bonheur à tous et à nous qui croyons en Dieu.

Monsieur
Victor Hugo
Hauteville House

Syracuse
Transcription de Gérard Pouchain

a) « Jettou ».
b) « continueras ».
c) « attrappé ».

Notes

[1Des fenêtres de Hauteville House, Victor Hugo peut apercevoir cet îlot séparé de l’île de Herm par un chenal.

[2Juliette Drouet cite, en le modifiant, un vers de Corneille, « Devine, si tu peux, et choisis, si tu l’oses » (Héraclius, empereur d’Orient, acte IV, scène 4, vers 1408). (Renseignement aimablement communiqué par Michel Bernard.)

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