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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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6 janvier [1848], jeudi, 9 h. du matin

Bonjour, mon doux adoré, bonjour du fond de mon âme qui t’admire et qui t’adore.
Je suis au désespoir d’avoir Mme Guérard et M. Cacheux à déjeuner ce matin parce que la pauvre femme dont je t’ai parlé est morte cette nuit [1]. Si j’avais pu prévoir ce malheur j’aurais ajourné ce déjeuner. Rien n’est plus pénible selon moi que la pensée de la mort afflouée à une pensée de plaisir. Enfin, je ne pouvais pas prévoir cette catastrophe mais j’en souffre comme d’une impiété. Je te dis cela, à toi, mon doux adoré, mon noble cœur, parce que toi seul peut comprendre à quel point cette coïncidence me blesse et m’afflige : du reste je n’en parlerai pas à Mme Guérard car cela pourrait lui faire du mal.
Aimons-nous, mon Victor et tenons-nous bien par le cœur dans cette vie. Que ton vœua soit exaucé et que nous allions ensemble demander à Dieu son pardon pour nos fautes de cette vie et son paradis pour y mettre notre amour.

Juliette

MVH, 8036
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « vœux ».


Jeudi 6 janvier [1848], 9 h. du soir

M. Varin sort de chez moi, mon bien-aimé, c’est te dire que tu as été bien admiré et bien aimé par lui et par moi. Je ne connais pas d’homme qui comprenne mieux ce que tu vaux et je suis sûre qu’il n’y a pas de femme qui puisse t’aimer comme je t’aime. Aussi les oreilles et le cœur ont dûa te tinter tout le temps que cet excellent M. Varin est resté avec moi. Et longtemps encore après car je continue un tendre et doux monologue dont le premier mot est : je t’aime et dont le dernier sera je t’adore.
Je te préviens d’avance pour que tu ne t’en inquiètes pas que l’effort que j’ai fait pour cacher aux yeux de mes convives ma contrariété et ma tristesse m’a agacéeb à un point extraordinaire et dont je n’ai pu me soulager qu’en pleurant un peu. Maintenant je suis bien et je suis maîtresse de moi-même. Il ne reste plus que mes yeux rouges mais ce n’est rien. Je te supplie seulement de n’y pas prendre garde. Je t’aime, je t’adore.

Juliette

MVH, 8037
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « dûs ».
b) « agacé ».

Notes

[1À élucider.

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