9 septembre [1847], jeudi midi ¾
Oui, MONSIEUR, oui, j’ai fini mon MANUSCRIT, oui, j’ai la générosité de vous donner le fruit de mon travail [1], sans hésitera et sans marchander. Faites-vous de la CELEBRITE avec, faites-vous-en de la gloire et de la fortune, je ne m’y oppose pas. Je vous le DONNE. Je ne vous demande même pas en échange un bout de votre corde. Je vous la laisse tout entière. Seulement je vous demanderai ce que vous comptez faire de MADEMOISELLE PROTAT [2] et de MADEMOISELLE BRUGNOT [3]. Vous comprenez que je ne suis pas dupe du semblant de patronageb que vous offrez à cette dernière au nom de votre femme. Je connais trop les formes utilisées en pareil cas pour me tromper sur le fond. Seulement je désire être avertie du jour et de l’heure de la PRÉSENTATION. Vous êtes un heureux homme, mon Toto, et vous pourriez lutter avec la princesse de Navarre [4] pour les plaisirs et les OBJETS NOUVEAUX. Quoique pair et très grand Pair de France, vous vous adonnez assez gentiment à l’Opéra-Comique et aux jeunes premières de la ville et de la banlieue. Le genre troubadour abricot ne vous messied pas et prouve que avez bien longtemps parcouru le monde et que vous savez courtiser la brune et la blonde avec un égal succès. Seulement défiez-vous de la GRISE. C’est votre duègne Juju qui vous donne cet avis.
MVH, a 7978
Transcription de Florence Naugrette assistée de Nicole Savy
a) « hésitter ».
b) « patronnage ».
c) Souligné deux fois.