Guernesey, 26 janvier [18]68, dimanche, 7 h. ¾ du m[atin]
Bonjour, mon tout bien-aimé, bonjour, je t’adore. Il est probable que tu es levé déjà depuis longtemps, ce qui me rassure pour ta nuit. Je craignais pour elle à cause des petits soucis que te cause parfois le ménage des Barricades [1]. Heureusement il n’en a rien été et j’en suis bien contente. Je regrette de n’avoir pas pensé à te donner plus tôt le titre de l’almanach de ton petit Victor [2] qui s’appelle : Des Illustrations Modernes. Tu aurais pu, en lui écrivant aujourd’hui, l’en remercier pour moi avec connaissance de cause. S’il est encore temps, je te le dirai tantôt. Je tiens extrêmement à faire savoir à ton fils combien je suis touchée de toutes les aimables marques de souvenir qu’il m’envoie sous formes de revues, de brochures et d’almanachsa intéressants. J’aurais bien désiré lire le numéro du Figaro qu’il te signale ; il est bien fâcheux que ce soit justement celui-là qui manque [3]. Le hasard n’en fait jamais d’autre quand il s’agit de taquinerie. Il est vrai que, d’après ton système, ces petites inoculations d’embêtement vous préserventb des ennuis sérieux voire mêmec des chagrins. À ce compte-là, nous ne devrons pas trop regretter la perte de ce numéro de journal quelque intéressant qu’il soit. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 25
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « d’amanachs ».
b) « vous préserve ».
c) « voir même ».