Paris, 29 déc[embre 18]70, jeudi, 2 h. après-midi
Je pense à toi, mon cher bien-aimé, et je t’aime avec tout ce que j’ai de plus doux, de plus tendre et de meilleur dans le cœur. J’espère que tu as bien dormi et que tu m’aimes aussi de tout ton cher grand cœur. Je crois que tes petits-enfants sont sortis car leur chambre est toutea grande ouverte et on n’entend aucun bruit chez leurs parents. Il fait d’ailleurs très beau temps aujourd’hui et ils ont bien fait d’en profiter. Je compte en faire moi-même autant demain s’il ne survient pas d’empêchement majeur. En attendant j’ai fait faire de nouvelles tentatives pour avoir du bois mais inutilement car les marchands de bois sont tous fermés. Un seul a répondu par l’entrebâillement de sa porte qu’il saurait demain si on lui permet d’en vendre et jusqu’à quelle limite. Heureusement que je suis approvisionnée suffisamment pour aujourd’hui et demain et après-demain. D’ici là, Dieu sait ce qu’il peut passer de Prussiens sous le pont Notre-Dame. Demain, en achetant les joujoux de Petit Georges et de Petite Jeanne, je m’achèterai des chaussures chaudes. Tu sais que Blum vient dîner ce soir avec Rochefort et le fils dudit Rochefort, ce qui fera que nous serons 13 à table si tu n’avises pas à changer ce nombre fatidique par l’addition ou la suppression d’un convive [1].
MLVH Bièvres, 130-8-LAS-VH 23 a, b et c
Transcription de Gérard Pouchain
a) « tout ».