Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1847 > Juillet > 7

7 juillet [1847], mercredi matin, 9 h.

Bonjour le plus Toto des Totosa, bonjour, toi, bonjour, vous. C’est aujourd’hui que je vais chez le médecin. Si vous venez pendant ce temps-là, on vous priera de m’attendre parce que je ne serai pas longtemps. Demain matin je vais chez M. le Curé. J’y serai à neuf heures et probablement revenue chez moi de dix à onze heures. Je te dis toutes ces choses pour t’informer de mes actions les plus insignifiantes, espérant par là t’engager à me dire les tiennes. Il est vrai que les tiennes sont moins innocentes que les miennes, si j’en crois la correspondance de Mlle Alphonsine Masson [1]. Aussi je vous préviens que je vous surveille et que vous n’avez qu’à vous bien MÉFIER de la JUJU.
Je voudrais pourtant bien que vous me donniez à COPIRE J’ai beau vous prier et vous supplier de me faire cette joie, vous faites la sourde oreille depuis bientôt six mois. C’EST LÂCHE ! Vous abusez de ma candide probité [2] en me mettant ce cher manuscrit sous le nez tous les jours. Cependant vous savez qu’il est écrit : Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu ni ta servante Juju. Donc vous devez vous dépêcher de me détenter en me donnant de la copie à indiscrétion et de l’amour et des baisers idem.

Juliette

MVH, α 8988
Transcription de Nicole Savy

a) « Toto ».


7 juillet [1847], mercredi, midi ¾

Je ne sais pas si tu vas à la Chambre aujourd’hui, mon petit bien-aimé, mais je crains que tu ne viennes pendant que je serai chez le médecin, dont les consultations durent depuis une heure jusqu’à trois. Dans le cas où tu ne pourrais pas m’attendre et où tu irais à la Chambre, je te prie de dire à Eulalie où je dois aller t’attendre et depuis quelle heure. J’espère pourtant que je serai revenue avant que tu ne sois venu toi-même. Je vais me dépêcher pour cela.
Mon Toto je vous aime. Mon Toto vous êtes un CAPON car vous avez reculé lâchement devant la proposition que je vous ai faite cette nuit. Vous tranchez du fier-à-bras [3] quand il n’y a pas possibilité qu’on vous prenne au mot. Mais quand on vous met au pied du ….. mur, vous CAGNEZ. [4] Tout ceci est peut-être très Chambre haute mais c’est très peu Toto. AUTREFOIS il aurait fallu vous mettre une martingale, maintenant il faut vous pousser et encore on n’arrive pas à vous faire avancer. Taisez-vous c’est honteux. Si jamais vous avez besoin d’un certificat de CAPACITÉ adressez-vous à moi. Voime, voime, adresse-toi à moi et je t’en donnerai un avec une pipe et des [deux mots illis.]

Juliette

MVH, α 8989
Transcription de Nicole Savy

Notes

[1Alphonsine Masson, femme de lettres bientôt convertie au spiritisme, était une correspondante et amie de Victor Hugo. La MVH conserve une trentaine de lettres assez tendres, signées d’elle et datées des années 1848-1857. Alphonsine aurait servi de boîte aux lettres pour la correspondance entre le poète et Léonie Biard.

[2On ne peut pas ne pas penser au vers célèbre de Booz endormi, « Vêtu de probité candide et de lin blanc ». Mais sa rédaction est très ultérieure à cette lettre.

[3« Trancher de, se donner les airs de » (GDU).

[4Vous reculez devant le danger.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne