Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1838 > Octobre > 1

1er octobre [1838] après midi, 3 h. ¾

Mon bon petit chéri, je viens de finir à présent seulement mes comptes de la fin du mois et mon mémoire de blanchisseuse. Je suis en déficit à mon désavantage de 6 francs 3 sous. Il est probable que j’aurai marqué deux fois la même somme ou que j’aurai oublié d’écrire une chose dépensée. Dans tous les cas lorsque les déficits à mon avantage se trouventa, je vous les laisse, à charge de vous laisser aussi ceux contre.
Il était temps mon pauvre amour d’avoir l’argent. Gérard est arrivée comme Suzette était chez Lambin le parfumeur à changer son billet de 500 francs car le changeur, n’étant point un changeur, mais un banquier, l’a envoyée promener. Le marchand de vin est venu, apportant du meilleur vin, à ce qu’il dit. Comme il n’a pas tout apporté je ne l’ai pas encore payé. C’EST MOI QUE J’AI UN JOLI CHAPEAU HEIN [dessinb]. C’est bien fait, tant pis pour moi. J’ai fait avec Gérard et mon damas un tour pendable. Je lui ai enlevé deux aunes sur la robe, je veux essayer de me la faire-faire avec dix aunes [illis.] : d’ailleurs si je veux qu’elle me fasse autant de profit que l’autre il faut bien que j’aie à peu près cela de reste, car le corsage s’use et change de mode. Je vous donne tous ces détails, vieux Bénat [1] parce que vous aimez à tout savoir et à fourrer votre nez partout. Je vous dirai encore que le chapeau que je destinais à Claire, je le garde pour moi pour dans les mauvais temps. Mlle Hureau lui en achètera un comme elle voudra.
J’ai toujours le dévoiement plus que jamais. Si jamais je ne sors pas ce soir je me coucherai car je suis très fatiguée et très souffrante.
Soir mon cher petit o, soir mon amoureux. Je vous ai mis vos 400 francs de côté. Suis-je pauvre et honnête ??? J’ai demandé et payé au marchand de vin une bouteille d’eau de vie de la meilleure qui soit pour tes pauvres beaux yeux adorés. Il faut que je fasse ta tisane. Je n’ai pas encore eu le temps de la faire. J’adore mon Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 1-2
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

a) « trouve ».
b) Autoportrait :

© Bibliothèque Nationale de France

Notes

[1À élucider (la lecture n’est pas douteuse).

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne