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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 janvier [1839], mardi matin, 10 h.

Bonjour, mon cher bien-aimé, comment vas-tu, mon petit homme, comment vont tes yeux adorés ? Tu travailles toutes les nuits, mon Toto, et le peu de repos que tu prends, tu aimes mieux que ce soit chez toi, dans ton petit lit froid que dans le mien si grand, si chaud et si doux. Peut-être à cause que j’y suis ? Non, certainement, je ne veux pas de manchon : si j’en avais un, je le vendrais pour une nuit passée dans tes bras. Je serais sûre au moins que celle-là tu ne la passeraisa pas à travailler comme un pauvre chien. Je t’aime, mon Toto, je t’aime de toutes les puissances de mon âme, je voudrais donner ma vie pour toi. Aussi juge de ce que je dois souffrir, moi qui te prends la tienne, en détail, nuit à nuit, sans interruption, tu comprends maintenant ma tristesse, mon impatience et mon amertume quand des semaines se sont passées à te désirer, à te plaindre, à t’admirer, et à t’adorer inutilement. Je désespère maintenant de voir arriver l’heure de notre délivrance. Plus nous allons et plus les obstacles nous entourent, mais ce que je sens, c’est que je t’aimerai, que je t’admirerai, que je te désirerai, et que je t’adorerai jusqu’à mon dernier soupir.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 81-82
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

a) « passerait ».


22 janvier [1839], mardi soir, 5 h.

Encore une journée bien longue et bien triste, mon adoré, passée sans te voir, et la soirée sera pareille probablement. Il est possible, mon Toto, qu’occupé comme tu l’es tous les jours, tu ne t’aperçoivesa pas que les semaines et les mois se succèdent sans [repos  ?] pour toi et sans bonheur pour moi. Si tu relisais mes lettres depuis un bout de l’année jusqu’à l’autre, je suis sûre que tu n’en trouverais pas trente qui ne soient comme celle-ci, tristes et découragées. Je voudrais m’empêcher de me plaindre mais je ne peux pas me retenir. Si je t’aimais moins, j’aurais plus de force et de patience. Tu devrais bien venir à présent, mon adoré, pour me redonner un peu de ton [ substantif oublié] car je suis toute démoralisée. Je t’aime, mon Victor bien-aimé. Je t’aime trop pour notre position, je ne peux pas t’aimer moins. Jour, mon petit o, ou plutôt bonsoir car on n’y voit pas : la nuit et la pluie [font ?] le ciel noir comme mon pauvre cœur quand tu n’es pas là. Viens vite, mon amour, je te baiserai et je t’aimerai de toutes mes forces et de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 83-84
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « t’apperçoives ».

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