Guernesey, 9 janvier 1856, mercredi, 5 h.
Tu vois par l’heure où je t’écris, mon cher adoré, que ce n’est pas précisément le désœuvrement physiquea qui m’attriste mais bien le vide que ton absence fait dans ma vie. C’est à peine si j’ai le temps matériel de te gribouiller quelques mots tous les jours tant l’entretien de mes quatre guenilles m’occupe, mais tout cela ne peut pas distraire mon cœur du besoin de te voir. Je pourrais casser des pierres sur la route, traîner une charrette et faire de l’OUVRAGE plus qu’un portefaix que je ne parviendrais pas à éloigner de moi l’ennui de ton absence. Pour empêcher que cetb ennui ne dégénère en maladie noire je vais essayer du remède homéopathiquec des embêtants et des stupéfiants démagogues de la proscription guernesiaise. LES SEMBLABLES PAR LES SEMBLABLES. SIMILIA SIMILIBUS [1]. Attrapé ! Je crois que vous voilà. QUEL BONHEUR !!!!d La suite au prochain brouillard. Quel bonheur !
BnF, Mss, NAF 16377, f. 10-11
Transcription de Christelle Rossignol assistée de Chantal Brière
a) « phisique ».
b) « cette ».
c) « oméopathique ».
d) Les quatre points de suspension courent jusqu’au bout de la ligne.