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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 2 avril [18]73, mercredi matin, 7 h. moins 10 m.

Cher adoré, l’indulgence envers moi-même ne me réussit guère car chaque fois que je m’indulge tu en profites pour te lever dès patron-minette. La seule consolation que je trouve à cela, c’est de penser que tu as passé une très bonne nuit, ce qui est bien quelque chose. Moi aussi j’ai passé une très bonne nuit, ce qui me rend sans excuse à mes propres yeux cet accès de paresse intempestif. J’ai bien autre chose encore, sinona sur ma conscience, au moins sur les reins, c’est ma patraquerie d’hier soir. Ta bonté, ta complaisance ineffable pour moi et le besoin ardent que j’ai d’être toujours avec toi mériteraient un meilleur outillage que le mien. À part le cœur et l’âme qui n’ont jamais été en meilleur état que maintenant, tout est détraqué et hors d’usage en moi. Pourtant je ne renonce pas encore, je ne renoncerai jamais volontairement à mon doux et glorieux privilège de te suivre pas à pas tant que j’aurai un souffle de vie. Ce soir, après dîner, nous irons, si tu le veux bien, devant nous bras dessus, bras dessous tant que mes jambes pourront me porter. En attendant je reprends force et courage dans mon amour qui lui, est invincible. Je te souris, je te bénis, je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 89
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) « si non ».

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