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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 juillet [1838], lundi matin, 10 h. ¼

Bonjour mon petit bien-aimé, bonjour mon adoré. Comment vas-tu mon Toto ? Tes yeux surtout comment vont-ils ce matin ? Je vais prendre un bain ce matin. Je n’ose pas désirer que tu viennes pendant que [je] le prendrai parce que la vapeur de l’eau fait mal à tes beaux yeux. Je voudrais bien voir ce qu’il y a dans le papier à la couverture verte, hum ? Ça doit être bien i. La décoration me plaît [illis.]ment. Je donnerais bien deux jours et tout ce que je possède pour jouer dedans. Je ne sais pas comment je ferai quand viendra le moment de distribuer la pièce [1]. Pauvre bien-aimé je ne veux pas t’obstruer l’esprit de mes chagrins aussi je ne veux plus te parler de ça. Je t’aime mon Toto. J’ai été bien heureuse de te voir souper hier. J’aurais voulu être la bouchée que tu mettais dans ta chère petite bouche. Ça serait si gentil d’être croquée par vous. Vous avez des dents faites pour cela et vous êtes bien bête de ne pas vous en servir. À votre place, je serais depuis longtemps mangé. Je t’adore. Tu sais cela.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 33-34
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain


9 juillet [1838], lundi soir, 6 h.

Je toucane, mon Toto. J’ai bien des raisons de le faire. Je ne te vois pas et je lis dans le feuilleton que tu joues les entractes de la porte Saint-Martin. Tout cela a de quoi me faire tenir mon nez sous mon bras plus que jamais. Si je n’avais pas l’espoir d’aller à Meaux un de ces jours, je me passerais le bec à travers du corps. Je me souviens mon amour que vous aviez l’air bien triomphant tantôt et pas du tout l’air d’un poète en ébullition. Je me fourre un tas de billevesées dans la tête. J’ai cependant bien assez de vous aimer, de vous attendre et de toucaner sans me mettre martel en tête. C’est fini. Je veux être raisonnable et indifférente comme si j’étais déjà empailléea. Soir pa soir man, je suis sûre que vous ne lisez pas mes gribouillages seulement et que c’est pour m’entretenir la main que vous me faites scribouiller deux fois par jour. Voilà mon opinion et elle est vraie. Au reste, vous avez raison et je vous approuve. Baisez-moi MIEURE [2] que ça, ENCORE.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 35-36
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain

a) « empailller ».

Notes

[1La distribution de Ruy Blas, pièce qui doit ouvrir le Théâtre de la Renaissance, n’est pas encore faite.

[2Familier pour : mieux, meilleur.

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