Paris, 13 décembre [18]73, samedi matin, 8 h.
Je te demande bien pardon mon cher bien-aimé, si j’ai si mal employé ma nuit après que tu me l’avais préparée si bonne. J’espère réparer mes torts la nuit prochaine en dormant à plates coutures jusqu’au matin. Pour aujourd’hui, il faut me pardonner ma nuit blanche comme je fais moi-même de nécessité vertu trop souvent. Le bon de tout cela, c’est que je vais pouvoir me mettre à copier beaucoup plus tôt. Puissé-jea avoir fini quand tu en auras besoin tantôt. Le temps est redevenu si doux qu’il n’y a plus de danger à laisser les deux enfants venir déjeuner avec toi aujourd’hui. Aussi tu feras bien de venir les chercher de bonne heure avant qu’ils n’aient déjà déjeuné chez eux. À ce propos, leurs joujoux sont toujours chez le marchand. C’est d’autant plus singulier qu’ils sont payés et qu’on a pris mon adresse par écrit. Il faudra prendre le parti d’aller nous-mêmes les réclamer ce soir en même temps que j’irai commander à Julien une partie du dîner de demain. En attendant je te donne ce que j’ai de meilleur en moi, mon amour, prends-le et garde-le si tu peux et si tu veux.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 347
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette
a) « puissai-je ».