5 novembre 1873

Paris, 5 novembre [18]73, mercredi matin, 10 h.

Je laisse prendre les devants à ma restitus ce matin, mon cher bien-aimé, dans l’espérance de faire un fort passus avec toi tantôt. Je compte que d’ici là, la petite pluie qui tombe en ce moment aura le temps de cesser et de se sécher. Je pense presque avec regret que la présence des mes petits Koch à déjeuner tout à l’heure te dérangera dans ton travail et dans tes habitudes, et je cherche le moyen de changer cet arrangement contre un autre qui te laissera libre. Malheureusement, je n’en ai^a pas encore trouvé jusqu’à présent que celui de renoncer à les voir le matin, c’est-à dire toujours, ce qui serait dur pour ces chères petites^b bonnes gens, et pour moi aussi, car je les estime et je les aime très cordialement et très tendrement. Ce n’est pas une raison pour t’en encombrer à des heures gênantes pour toi, aussi je m’évertue à trouver le moyen de tout concilier : ton travail et leurs occupations. Ce gribouillis qui devait durer cinq minutes n’est pas encore fini et il est onze heures ! Cela tient au va-et vient qui se multiplie autour de toi et moi. Enfin, j’espère qu’aucun Michaëlis [1] ne se mettra entre mon baiser et le bec de ma plume qui s’envolent à la fois sur ta bouche.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 311
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette

a) « n’ai ».
b) « chers petits ».