Paris, 23 août [18]73, samedi matin, 7 h.
Dors, mon cher bien-aimé, profite de cette matinée un peu sombre et un peu pluvieuse pour te reposer aujourd’hui. Il sera toujours temps de reprendre ton essai de misère ou de génie, ce qui pour toi est synonyme. Moi, pendant ce temps-là, je vais prendre un bain. Je compte beaucoup sur lui pour calmer ma douleur de côté ; cependant s’il n’agissait pas comme d’habitude j’aurais recours à E. Allix en désespoir de cause. Autre guitare : je suis curieuse de savoir comment le citoyen d’Alton se tirera lundi prochain vis-à-vis de toi de la triste affaire où il s’est engagé si coupablement [1]. Il ne sera pas moins intéressant de voir demain comment Vacquerie accueillera la nouvelle de cette entrevue qui, sous un air bénin, cache beaucoup de choses, la situation étant donnée. Chaque jour amène un incident nouveau dans ta vie déjà si remplie que c’est à peine si tu trouves le temps de respirer et d’aimer. Je suis toujours effrayée et émerveillée en même temps de te voir triompher tous les jours de ce tumulte de pensées, de travaux, d’hommes et d’affaires. Je t’admire, je te plains et je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 246
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette
a) « synonime ».