Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1859 > Août > 9

Guernesey, 9 août 1859, mardi matin, 7 h.

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour, je t’aime. Je ne saurais pas te dire autre chose et je n’ai jamais su te le dire autrement, ce qui fait de mon amour une chose en somme assez monotone et assez maussade. Mais qu’y faire ? That is the question. À moins de supprimer toute restitus, je ne vois pas d’autre remède à l’assommante redite de ce mot si doux : je t’aime ! Je l’ai essayé plusieurs fois, mais le besoin de mon cœur me force à revenir malgré moi à ce thème quotidien et continu : je t’aime. Ça n’est pas ma faute, mon cher petit homme, si je ne peux pas avoir un peu plus d’esprit ou un peu moins d’amour. Prends-en donc ton parti et laisse-toi aimer sur ce mode unique : je t’aime. J’espère que l’orage ne t’as pas empêché de dormir, quoiqu’il ait fait de gros coups de tonnerre. Ce matin, il fait une pluie fine et serrée à couper au couteau. Je crains que ce ne soit le signal de la clôture de nos dîners sur l’herbe et de nos pique-niques en voiture et je le regrette car c’était bien gentil, bien doux et bien amusant. Il est vrai que le retour de ta famille, très prochain maintenant [1], aurait supprimé naturellement ces festivals champêtres, mais cela ne m’empêche pas de regretter la dernière minute.

BnF, Mss, NAF 16380, f. 179
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Le 4 août, François-Victor partira rejoindre sa mère et sa sœur à Londres, d’où il rentrera seul le 25 août.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne