Paris, 5 avril 1877, jeudi matin, 11 h. ½
Cher bien-aimé, pendant que tu travailles à de nouveaux chefs-d’œuvrea, moi je t’aime de toutes les forces de mon cœur et de mon âme. Ainsi nous faisons chacun de notre côté le meilleur emploi de notre temps. Et à ce propos, mon grand petit homme, je te ferai penser tout à l’heure à préparer de la besogne à Lesclide qui n’en a plus du tout. Si nous ne sortons pas tantôt, je collationnerai avec lui le peu qu’il a copié depuis quelques jours. Pour ce soir, je les ai invités tous, y compris P. Elzéar. Ce qui, avec les deux Ménard sur lesquels je ne comptais pas, fera 14 personnes à table. Tu peux voir par la lettre de Bardoux que je t’envoie que le pauvre prisonnier n’est pas encore rendu à la liberté. Pauvre garçon, c’est payer cher l’admiration de ton génie. Mais c’est bien naturel puisque nous sommes en République sans républicains ! Heureusement que je n’ai besoin ni de l’une ni des autres pour t’adorer à voix haute et à cœur que veux-tu.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 96
Transcription de Guy Rosa
a) « chef-d’œuvres ».