Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1861 > Octobre > 5

Guernesey, 5 octobre 1861, samedi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher bien aimé, bonjour, mon cher petit homme. Je t’envoie tout mon cœur dans un baiser. J’espère que tu auras bien dormi malgré l’agitation inévitable de la grosse affaire d’hier. Il serait fâcheux que cette solution qui ne pouvait manquer d’arriver, peut-être encore meilleure même si la concurrence possible eût été plus connue, il serait fâcheux, dis-je, que cette solution t’aita [donné ?] une nuit d’insomnie. J’espère que non. J’espère aussi que si tu me conduis bien je viendrai à bout de ta copie peut-être même sans aucune aide [1]. Pour cela je vais laisser la direction complète de ma maison aux mains de Suzanne pendant le temps que durera cette chère copie. De ton côté, mon cher petit homme, il ne faudra pas me laisser manquer d’ouvrage. Ce matin j’aurais pu copier deux ou trois pages au moins si tu m’avais donné une petite provision de ton manuscrit car j’ai eu fini hier ce que tu m’avais apporté la veille. Maintenant j’attends. Toto, mon petit Toto, ne me faites pas languir. C’est votre nouvel éditeur qui vous le crie par ma plume et c’est tout le public qui vous le dit par mon cœur. Vite, vite de la copire. En attendant M. Lacroix [2] paraît devoir avoir un bon, sinon un beau passage car la mer est unieb comme de l’huile. Pauvre Hetzel ! Qu’est-ce qu’il va dire ! Ça [a] beau être sa faute ou celle de ses associés il n’en sera pas moins furieux du dénouement au contraire. Je le plains parce que je sens par moi-même combien il devait tenir à éditer ce livre des livres, le profit mis à part. Enfin on ne peut contenter tout le monde et Hetzel et tu as bien fait de finir cette affaire d’une façon qui te satisfasse et moi je ferais mieux de garder ma langue pour manger des choux et je vous aime comme un chien que je suis.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 116
Transcription de Florence Naugrette
[Blewer]

a) « ai ».
b) « uni ».

Notes

[1Le même jour, Hugo embauche Victoire Étasse pour lui confier aussi de la copie des Misérables.

[2L’éditeur Lacroix, arrivé le 3 octobre, est venu signer avec Hugo le contrat des Misérables : 300000 F. pour douze ans, dont les droits de traduction.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne