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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 janvier [1843], dimanche matin, 11 h. ½

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour mon cher amour, bonjour, bonjour, je t’aime. Comment as-tu passé la nuit, mon cher adoré ? As-tu pris quelque repos, que fais-tu ce matin ? Est-ce que tu attends ta demoiselle ? Il faudra pourtant que cette affaire finisse d’une manière ou d’une autre car enfin tu n’as pas la prétention de faire graver sur tes cartes de visite l’ambitieuse qualité des sieurs Frédérick Lemaître et [illis.]. La combinaison Lireux ne me déplairait pas dans ce moment-ci. Je donnerais tout au monde pour que ces hideux comédiens fussent punis par où ils ont péché. Vraiment cette insouciance est plus que scandaleuse dans cette circonstance. Je serais la plus heureuse des femmes si on pouvait fustiger ces affreux histrions. Je ne parle pas des histrionnes pour qui ce genre de supplice seraita peut-être un plaisir car très sérieusement ces affreux bonshommes auraient besoin d’une leçon.
En attendant, je reste dans mon coin à voir tourner mon ombre sur mes pieds [1]. Almanach en main, il y a plus de deux mois que je n’ai mis le pied dans la rue. J’ai un grand mal de tête ce matin. Je ne dis pas cela pour t’attendrir car lorsque tu liras cette lettre, ce ne sera plus l’heure de sortir. D’ailleurs il fait un vilain temps de brouillard à ce que dit Suzanne et ce ne serait pas ce moment-là qu’il faudrait choisir pour une première sortie. Dès qu’il fera beau je te tourmenterai. Jusque-là, mon bon ange, sois tranquille. Pense à moi et aime-moi. De mon côté, je te promets de prêcher d’exemple.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16351, f. 67-68
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « seraient ».

Notes

[1Paraphrase du poème écrit pour Juliette par Victor Hugo « La pauvre fleur disait au papillon céleste… » :
Mais non, tu vas trop loin ! – Parmi des fleurs sans nombre
Vous fuyez,
Et moi je reste seule à voir tourner mon ombre
À mes pieds.
(Les Chants du Crépuscule, XXVII).

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