Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1846 > Août > 21

21 août [1846], vendredi matin, 8 h. ¼

Bonjour, mon Victor adoré, bonjour, mon cher amour, bonjour, mon petit homme chéri, bonjour, je t’aime. Tu es beau, je t’aime, tu es bon, je t’aime, tu es ravissant, je t’aime, tu es grand, je t’aime, tu es doux, je t’aime, tu es ma joie, je t’aime, tu es ma vie, je t’aime, tu es mon divin bien-aimé, je t’adore. Comment vas-tu ce matin ? Comment va ton cher petit ventre ? J’espère que tes coliquesa sont passées et que tu ne te ressens plus de rien à présent. Je voudrais en être sûre. Pour cela, il faut que tu viennes. Tâche que ce soit bientôt, cher adoré. Je vois avec un inexprimable regret venir la mauvaise saison, à cause de toi que cela gêne et prive beaucoup. Quel dommage que je ne puisse pas te faire un soleil perpétuel de mon amour. Il y a cependant bien de quoi t’en faire un bien grand, bien chaud et bien « rayonnement » [1], avec tout ce que j’ai de tendresse, de passion, d’admiration et d’adoration dans le cœur pour toi. (Il ne manque que la manière de s’en servir). C’est peu de chose mais cela n’empêche pas la pluie, le brouillard et le mauvais temps de te crever sur ta chère petite bosse, ce dont j’enrage. Baise-moi toujours, et malgré cela, je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 57-58
Transcription de Marion Andrieux assistée de Florence Naugrette

a) « collique ».


21 août [1846], vendredi après-midi, [illis.] h. ¾

Je prie le bon Dieu pour qu’il ne pleuve pas, afin que je puisse aller vous chercher tantôt, mon cher petit homme. Il faudra que ce me soit tout à fait impossible pour que je n’y aille pas, car j’en ai autant envie que besoin. Ce n’est pas une petite affaire pour moi qu’une minute de plus ou de moins passée avec vous, au train dont vous y allez. Je vous vois tous les jours de moins en moins, et il ne s’en faut pas l’épaisseur d’un quart d’heure que je ne vous voie pas du tout. Aussi je suis très chiche du moindre petit moment que je peux accrocher par-ci par-là quand je devrais faire dix lieues et recevoir toute l’eau du ciel sur le dos. Si je n’affronte pas toujours les averses, c’est par économie d’argent, tu le sais, mon Victor. Ce n’est pas la peine que je crains, c’est le dégât qui te coûterait de l’argent. Aussi, si je ne vais pas te chercher ce soir, ce sera encore pour cette morose et trop réelle raison. J’espère pourtant que le bon Dieu aura pitié de moi et que je pourrai m’accrocher, ce soir, à votre cher petit bras.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 59-60
Transcription de Marion Andrieux assistée de Florence Naugrette

Notes

[1La lecture n’est pas douteuse.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne