Paris, 4 juin 1880, vendredi matin 9 h.
Cher bien-aimé, j’espère que ta nuit aura été meilleure que la mienne, ce qui n’est pas difficile pour peu que tu aies eu seulement quelques minutes de repos. Je suis encore assez mal en train, et le temps qu’il fait en ce moment ne peut guère me ravigotera. On sent s’approcher Saint-Médard [1], dar qui s’avance, dar qui s’avance, dar qui s’avance [2], ce qui ne nous promet pas poire molle pour l’été et je crains bien que nous n’ayons mangé notre soleil en herbe. Toujours est-il qu’il fait froid et triste aujourd’hui, ce qui n’empêche pas Lockroy d’être revenu de Genève à cinq heures ce matin, et Petite Jeanne d’être à son cours depuis huit heures. Autre guitare, Séeet les membres de l’association philotechnique [3] t’ont récrit de nouveau pour te supplier de leur répondre tout de suite quel jour tu entends fixer la distribution des prix [4]. Saint-Victor t’a envoyé son livre, Les Deux Masques [5], et à moi aussi, ce dont je suis très touchée et très fière. Pas de Sénat avant mardi, ordre du jour insignifiant et moi, je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 147
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « ravigotter ».