Paris, 2 juin 1880, mercredi matin 8 h.
Je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime éperdument !!! [1] Voilà le fond et le tréfond de mon corps, de mon cœur et de mon âme. Après, je ne sais plus rien de la terre, de la vie ou du ciel. Je t’aime, voilà tout. Tu es mon commencement et mon éternité. L’A et le Z de mon alphabet, l’alpha et l’oméga de mon érudition. Tu es mon tout adoré ! Il est venu hier une convocation pour toi de la gauche républicaine du Sénat signée Demôle qui te prie d’assister à la réunion qui aura lieu aujourd’hui à deux heures dans le local du 1er bureau. Puis un journal de Nice qui rend compte de la conférence d’Alexandre Laya [2] sur ton livre Religions et Religion. Je l’ai parcouru et il m’a semblé mériter ton attention. Tu as reçu une lettre de John Lemoine qui accepte avec le plus grand empressement ton invitation à dîner pour demain. Lecanu t’a écrit aussi de Bois-le-Roi, où il prend un congé de huit jours, qu’il t’apportera les renseignements que tu lui as demandés la semaine prochaine. Plus les quatre cartes apportées en personnea hier pendant notre orgie chez Ledoyen [3]. Ce sont celles de Camille Sée, du docteur Hébert, de Vialay [4], et de Sextius Michelb [5], maire du XVe arrondissement, tous membre de l’Association Philotechnique [6], dont tu es le président d’honneur, venus pour renouvelerc leur prière de présider la distribution des prix de l’institution dont on te laisse le choix du jour. Tout cela, hélas ! exige de promptes réponses de toi, que ne puis-je t’épargner cette corvée !
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 145
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « personnes ».
b) « Sextus-Micher ».
c) « renouveller ».