Paris, 25 juillet [1880], mardi midi
Mieux vauta tard que jamais, dit la sagesse des nations, ce que mon cœur répète après elle, en te baillant ma restitus tardive. J’ai pris un bain ce matin, ce qui m’a beaucoup fatiguée, moi qui l’étais déjà à ne pouvoir pas bouger ni pieds ni pattes. Mais je retrouve forme et courage dès qu’il s’agit de te dire que je t’aime. Le jour où je cesserai de te le dire c’est que je serai morte. En attendant ce jour, plus prochain peut-être que je le crois, je te rabâche mon amour sur tous les tons, à tout propos et de toute mon âme. Lesclide est en bas qui fait le triage de tes lettres déjà triées par moi. Celles venues ce matin sont peu nombreuses et peu intéressantes, excepté celle de Thiaudière, qui te recommande un ex proscrit italien. Je vais aller savoir des nouvelles de ta nuit et te presser de t’habiller pour que nous ayons la joie de déjeuner avec toi. Je t’aime.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 201
Transcription d’Emma Antraygues et Claire Josselin
a) « vaux ».