4 septembre [1848], lundi matin, 7 h.
Bonjour, mon bien-aimé adoré, bonjour. Je pense à toi, je prie et je t’aime. J’avais pensé à aller entendre la messe à la Madeleine, mais j’ai craint que cela ne te contrarie et j’irai à ma paroisse. C’est un sacrifice que je fais à la sainte mémoire de ton pauvre doux ange. Je veux qu’elle m’en sache gré du haut du ciel et qu’elle ne me sépare pas dans sa prière auprès de Dieu, de tous ceux qu’elle regrette, qu’elle aime et qu’elle protège en ce monde. J’ai besoin d’espérer et de croire que je ne suis pas étrangère à ce bel ange du paradis et que j’ai en elle une seconde fille par l’âme qui veille sur moi et qui me bénit. Peut-être irai-je à Saint-Mandé en sortant de la messe, cela dépendra de l’heure à laquelle elle finira [1]. En attendant, je tâche, à force d’amour, d’écarter de ton âme toutes les pensées douloureuses et toutes les tristes impressions de ce lugubre anniversaire [2]. Je supplie le bon Dieu d’entrouvrir pour toi un pan du ciel pour te montrer ton enfant souriante, belle et heureuse comme un doux ange qu’elle est.
Juliette
Leeds, BC MS 19c, Drouet/1848/64
Transcription de Joëlle Roubine
4 septembre [1848], lundi matin, 10 h.
Je reviens à l’instant de l’église, mon Victor aimé, où j’ai prié pour toi et pour tous ceux que tu aimes. Pour que mes prières arrivent à leur destination, j’y avais associé ton ange et le mien et je les avais chargées de les porter au bon Dieu pour avoir plus de [droit ?]
et,
j’ai
être
[2 feuillets manquants]
aujourd’hui, ce que le bon Dieu a réuni dans le ciel. Si c’est un enfantillage, pardonne-le-moi car il vient d’un excès d’affectueux et pieux regrets. Je me hâte de t’embrasser comme je t’aime, c’est-à-dire sans commencement ni fin et je te bénis de toute mon âme.
Juliette
Leeds, BC MS 19c, Drouet/1848/65
Transcription de Joëlle Roubine