22 juin [1848], jeudi matin, 8 h.
Bonjour, mon trois milliards de fois adoré, Toto, bonjour. Je suis en train de passer à la montagne la plus foncée si tu ne te hâtes pas de me donner ma culotte. J’ai trop attendu, je sens que je suis sur le point de CREVER comme la vessie du père Caussidière [1]. Aussi, je compte sur toi comme sur de la CRÈME et je te prie, si tu ne veux pas que je trouve trop LAID, de me donner tout de suite cette fameuse et presque fabuleuse culotte. En attendant, je mange un peu de fromage et je bisque à indiscrétion. Je demande toujours mon billet pour l’Assemblée. Je veux vous voir au milieu de tous ces représentants de la laideur et de la stupidité. Je veux voir l’effet que vous faites dans cette bauge, mon cher petit lion, et surtout je veux vous voir pour vous voir, le lieu et l’entourage à parta. Il me semble que vous avez déjà eu le temps de satisfaire bien des Bourel [2] et que vous pourriez maintenant penser à moi ? Soyez consciencieux et donnez-moi le prochain billet que vous aurez. Donnez-moi encore bien plus ma fontaine et surtout, par-dessus tout, ma culotte et je vous sourirai et je vous porterai et je vous baiserai.
Juliette
Leeds, BC MS 19c, Drouet/1848/36
Transcription de Joëlle Roubine
a) « parts ».