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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 octobre [1849], lundi midi

L’heure passe et tu ne viens pas. Il est vrai que tu as encore devant toi la marge de deux heures mais j’aimerais mieux te voir tout de suite tant j’ai peur que quelque Chaumontel imprévu ne vienne se jeter en travers de mon pauvre petit quart d’heure de bonheur. Aussi, je me ronge les foies d’impatience en attendant.
À propos, mon adoré, je vous apprendrai que je ne suis pas encore propriétaire. La propriété ayant été remplacée par vingt lots proudhoniens, ce que voyant, et pour ne pas m’humilier, la providence n’a pas voulu faire sortir ma série, ce dont je lui sais gré. La gênée est arrivée de cette mystification à 7 ½ du soir mourant de faim et de colère. Il paraît qu’il y a des gens qui ont hué l’abbé Roux [1], ce qui est triste de quelque façon qu’on l’envisage. Somme toute j’en suis encore pour mes vingt sous, c’est beaucoup par le temps qu’il fait et le Toto qui court. Mais j’espère lasser le guignon et prendre très prochainement une revanche éclatante. Le proverbe : il n’est tel qu’un vilain quand il se met en train, aura un jour sa signification dans un gros lot énorme. En attendant, je vois que vous ne venez pas, ce qui m’est plus sensible que la porte de ma maison et la pluie tombe à verses, ce qui est absurde.

Juliette

MVHP, Ms, a8288
Transcription de Michèle Bertaux et Joëlle Roubine

Notes

[1Juliette pense-t-elle au prêtre révolutionnaire Jacques Roux, précurseur du socialisme et de l’anarchisme (1752-1794) ?

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