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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 août [1842], lundi soir, 6 h. ¾

Je te remercie, mon adoré, de la bonne petite demi-journée de bonheur que tu viens de me donner. Je t’aime du fond de l’âme. Quelles admirables choses tu as dites à cette pauvre princesse [1] et comme j’aurais voulu baiser tes pieds dans ce moment là ! Je garderai religieusement la fleur de ce pauvre petit enfant. Je te la rendrai dans quatorze ans si je suis encore de ce monde. Et je te la rendrai avec autant d’admiration et d’amour pour toi que j’en avais dans le cœur en la recevant de tes mains tantôt. Tu es la véritable providence de ce temps-ci pour tout le monde sans exception et pour les cœurs affligés en particulier. Sois béni, mon cher bien-aimé. Sois heureux dans toute ta ravissante famille. Je voudrais donner de mon [illis.] de ma vie à ce pauvre enfant malade [2] pour te rendre la joie et le bonheur. Mon cher adoré, tu ne peux savoir combien je t’aime. Tu ne le sauras que lorsque nous serons morts tous les deux et que tu pourras voir mon âme touta entière. J’espère que tu auras trouvé ton petit garçon tout-à-fait bien en rentrant tout-à-l’heure. J’ai bien prié le bon Dieu pour ça pendant que tu tournais le coin de ma rue, tu as dû le deviner si le magnétisme existe.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16350, f. 85-86
Transcription de Laurie Mézeret assistée de Florence Naugrette

a) « toute ».


22 août [1842], lundi soir, 7 h.

Je n’ai pas encore lavéa ma bouteille ni mes assiettes ! J’ai voulu t’écrire auparavant. Mais tout-à-l’heure je vais m’endormir à cœur joie. Je tiens à ces trois objets beaucoup plus pour les jours où ils ont été achetés que pour leur rareté en elle-même. J’y tiens en souvenir des six heures de bonheur que nous avons passées presque toujours ensemble. J’y tiens en souvenir de la visite à la duchesse d’Orléans et de son petit enfant. J’y tiens parce que c’est une preuve de ta bonté ineffable, de ta générosité inépuisable. Enfin j’y tiens, comme tout ce qui me vient de toi, parce que je t’aime de toute mon âme. On vient d’apporter une lettre de Claire. Je [illis.] que c’est M. Marre. Suzanne a dit que c’était un vieux monsieur mais l’obscurité est déjà un peu profonde sur le palierb. Du reste, elle est comme toutes les autres, pleine de protestations et de regrets. Malheureusement, jusqu’ici, cela n’a pas signifié grand chose. Cependant, j’espère que la pauvre enfant finira par comprendre la nécessité du travail et le besoin de l’estime des gens de bien et de l’affection de sa mère. En attendant, les années s’écoulent et la patience aussi. Enfin, nous verrons. Je t’aime, toi. Je te vénère, toi. Je t’admire, toi, je t’adore, mon sublime bien-aimé. Je baise tes mains et tes pieds.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16350, f. 87-88
Transcription de Laurie Mézeret assistée de Florence Naugrette

a) « laver ».
b) « pallier ».

Notes

[1Cette lettre ainsi que celle de la veille semblent suggérer que Victor Hugo et Juliette ont fait une autre visite à la duchesse d’Orléans le 22 août 1842.

[2François-Victor Hugo se remet d’une grave maladie pulmonaire

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