7 août [1842], dimanche matin, 10 h.
Bonjour mon petit homme bien aimé. Bonjour mon adoré, comment vas-tu ce matin, mon amour ? Je ne te demande plus pourquoi tu ne viens pas, mon Toto, parce que je sais que cela ne sert à rien et que si tu ne viens pas ce n’est pas faute d’être attendu, d’être désiré et d’être aimé de toute mon âme, mais parce que tu as des raisons qui s’y opposent. Je voudrais savoir comment tu vas, mon amour, comment vont tes mains et ta gorge et comment se trouve ton petit garçon ce matin [1]. Si je savais cela je serais tranquille et j’attendrais avec plus de résignation que tu viennesa mais l’inquiétude est une vilaine compagnie de l’absence, aussi, si tu peux, viens me donner de tes nouvelles, mon cher adoré, avant tantôt, tu me feras une grande joie et tu me tranquilliseras pour le reste de la journée. Tâche aussi de penser à m’apporter tes beaux cheveux. Quand nous serons [illis.] je m’en ferai faire faire un petit ornement de cou et de bras et le reste je le garderai dans un joli petit sachet parfumé. En attendant je suis impatiente de les avoir pour les baiser. Tu ne dois pas les oublier encore aujourd’hui. Je t’aime mon Victor chéri. Je t’adore mon cher petit homme. Je voudrais baiser tes pieds. Je voudrais mourir pour toi et pour tous ceux que tu aimes ! Dépêche[-toi] de venir bien vite mon adoré, que je sache comment tu vas.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16350, f. 25-26
Transcription de Laurie Mézeret assistée de Florence Naugrette
a) « vienne ».
7 août [1842], dimanche après midi, 3 h.
Je vous attends toujours mon amour, raison de plus pour que vous ne vous pressiez pas, n’est-ce pas mon cher petit Jean de Nivelle [2] ? Vous avez raison puisque ça ne m’empêche pas de vous aimer. Vous avez beau ne pas faire, je vous aime comme une enragée. Vous saurez, mon Toto chéri, que je ne suis pas encore habillée. J’ai fait ce nettoyage sterling tout à l’heure et j’en suis encore tout en nage. Cela suppléea au défaut d’exercice et ne peut que me faire du bien en nettoyant ma maison. Cependant cela ne m’a pas ôté mon mal de tête, tant s’en faut. Quelle hideuse infirmité que celle que j’ai. Je ne sais pas ce que je n’aimerais pas mieux à la place de ce mal de tête quotidien. Au reste j’en souffre plus dans la chaleur que l’hiver. De ce côté-là je diffère entièrement de vous. Je crois aussi que c’est le seul. J’aime à vous copier en tout mais je crois que mon mal de tête est tout à fait ORIGINAL et n’appartient qu’à moi, c’est bien avantageux. Jour Toto, jour mon cher petit o. Je ne sais plus à quel saint me vouer à présent pour vous faire venir. Voyons grand saint Toto laissez-vous attendrir et venez bien vite, je vous baiserai bien.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16350, f. 27-28
Transcription de Laurie Mézeret assistée de Florence Naugrette
a) « suplée ».