Guernesey, 18 avril 1859, lundi, 10 h. du m[atin]
Tu ne reviens pas, mon cher bien-aimé, je crains que tu ne sois plus souffrant. Je me reproche de n’avoir pas insisté davantage pour te faire accepter un bain de pieds chez moi et cependant, Dieu sait si mon bonheur n’est pas de te servir en tout à deux genoux. Mais je crains tant de renouveler les choses tristes de l’année dernière [1], que je me retiens de prendre autant que je le désire et que mon cœur en a besoin la douce mission de te soigner chaque fois que tu souffres. Mais cette résignation à ma position fausse vis-à-vis de toi par rapport à ta famille, il ne faudrait pas l’aggraver par…
Je crois que te voilà, quel bonheur ! J’espère mon pauvre adoré que cette journée verra la fin de ton mal de gorge qui est de beaucoup éteint et diminué. Je ferai tout ce qu’il [faut] pour cela par les soins, par le cœur, et par l’âme.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16380, f. 102
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette