14 mars [1837], mardi après midi, 2 h. ½
Le temps est triste et moi je suis comme le temps. Je ne peux pas m’empêcher d’être ainsi quand je ne te vois pas. Ce n’est pas ma faute et il faut que tu aies la bonté de me souffrir ainsi. D’autant plus que cette tristesse vient de ce que je t’aime trop et trop bien, tout au contraire de vous, vieux Toto, qui n’êtes jamais plus gai et plus charmant que loin de moi.
Je vous pardonne quoique je vous aimerais mieux autrement.
Je viens de copier deux passages de la princesse Palatine. Un de ces jours je me mettrai en train pour le Cardinal de Retz. Aujourd’hui j’ai trop mal à la tête et une trop mauvaise plume. E poi fa molto freddo oggi [1]. Hein qu’est-ce que vous dites de [deux mots illisibles] ? Il me semble qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau à votre anglais ? C’est le seul côté où je puisse lutter de science avec vous mon cher petit polyglotte et puis encore de celui des calemboursa. J’en ébauche de très jolis que vous avez le front de vous approprier après les avoir gâtés. Au reste on ne VOLE QUE LES RICHES et je suis très riche… en cela.
Jour, un petit Loto, je vous aime, je déraisonne, je bisque, que je rage, je mange du fromage [2] à mon déjeuner et je vous adore toute la journée et la nuit encore plus.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16329, f. 273-274
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette
a) « calembourgs ».